Peter Cornelius
Né en 1913 à Kiel en Allemagne, Peter Cornelius débute comme photographe en Suisse et à Londres, puis voyage au Maroc et en Norvège. Après une interruption de dix années due à la guerre puis à la captivité, il reprend ses activités dans des domaines aussi variés que la presse, l'architecture, l'industrie et le paysage.
En 1956, lorsqu'il découvre le nouveau film négatif couleur Agfacolor CN 17, il se fixe comme sujet Paris, ses rues et ses habitants. «Ce thème infiniment riche, mais si souvent photographié, m'apparaissait tel un défi particulièrement excitant. De quatre courts séjours, je rapportai des centaines de vues en couleurs que je développai, agrandis dans ma chambre noire exiguë.»
Encouragé par le photographe Izis qui lui présente Jacques Prévert, il élabore plusieurs maquettes de livres avec une sélection de ses images soigneusement tirées. Ce projet donnera lieu à l'édition d'un livre en versions allemande et française, sous les titres Farbiges Paris et Couleur de Paris en 1961. La même année, il publie d'autres images de Paris dans un ouvrage collectif, Magie de la photo en couleurs.
[ Le texte de Jacques Prévert dans Couleur de Paris ]
Si Peter Cornelius tombe sous le charme des vieilles ruelles de la rive gauche - il réside à chacun de ses séjours à l'hôtel des Deux-Continents, rue Jacob -, il n'en arpente pas moins tous les quartiers parisiens, du quai Saint-Bernard au canal Saint-Martin, du boulevard de Clichy aux puces de Saint-Ouen, de la gare Saint-Lazare à Montmartre.
Ce qui l'intéresse, ce sont les couleurs changeantes et l'ambiance particulière de Paris, loin des clichés habituels que représentent «des jeunes filles, les Champs-Élysées, la Nouvelle Ève et Sartre», comme il l'explique à son éditeur. Malheureusement, ce dernier modifie sa maquette et édulcore sa sélection, lui préférant des vues plus conventionnelles de monuments et quartiers touristiques.
En 1970, Peter Cornelius, décède dans un accident de voiture et son œvre parisienne tombe dans l'oubli. Son nom est aujourd'hui absent de la quasi-totalité des livres traitant de l'histoire de la photographie. Les images qui suivent, remarquables par leurs teintes très particulières, sont des reproductions de ses tirages d'époque, soigneusement conservés à Hambourg par son fils, Peter Cornelius-d'Hargues.
Cette biographie était publiée dans:
Virginie Chardin: Paris en couleurs - de 1907 à nos jours, Paris, Seuil, 2007.